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Lettre ouverte de Bob au président de la république Française

Lettre ouverte de Bob au président de la république Française

Monsieur le président de la république,

 La raison qui me pousse à vous écrire est la très controversée loi Hadopi. Militant depuis un certain temps déjà dans la politique au sein du Parti Socialiste, je pense en effet que mon humble avis et mes arguments nouveaux pourront vous intéresser, sinon vous convaincre d’abandonner cette loi. En effet, bien que le clivage gauche-droite se ressent de plus en plus dans notre république, ce n’est pas pour autant que la communication doit être rompue, et que ceux qui échangent doivent être considérés  comme des traîtres à leur famille politique. Mais la démocratie doit être basée sur la construction, vous en conviendrez.

A travers ce courrier, monsieur le président de la république, et tout d’abord monsieur le secrétaire qui lira cette lettre en premier, je souhaite vous exposer les arguments socio-économiques qui plaident contre cette loi, et vous démontrer que non, le PS n’est pas seulement un parti contestataire mais aussi un parti d’alternative qui sait se projeter dans l’avenir. En effet, je vous exposerai aussi un plan pour conserver la gratuité du téléchargement en assurant la bonne marche de tous les acteurs de la « filière » musique.

J’aimerai donc, monsieur Sarkozy, bien que vous devez être très occupé, que vous preniez attention à ma plaidoirie, qu’elle soit pour vous convaincante ou non.

 

 

            Pour commencer, je pense qu’en l’état actuel des choses, il est déjà trop tard pour faire reculer le téléchargement illégal. Les chiffres annoncent plusieurs millions d’internautes dans ce cas en France, qui téléchargent sur des dizaines de supports différents, et à mon avis, ce nombre ne peut que croître au fil des années. Quelle différence faites vous entre une personne qui enregistre une chanson passant à la radio et la distribue à ses amis, et une autre qui télécharge des musiques illégalement. A première vue aucune, sinon que le deuxième cas est en fait le premier à une plus grande échelle. Pourtant, l’un des deux est licite, l’autre non. En effet, à la question «que choisissez vous entre télécharger une musique gratuitement ou l’acheter ? », la plupart de ceux-ci vont se décider pour la première solution. Car le dilemme actuel ressemble fortement à ce choix : les quelques centaines d’arrestations ne font qu’augmenter le nombre de français pratiquant cet exercice, le risque paraît bien trop faible.

Et ici, Hadopi ne répond pas à ce problème : la loi ne fait qu’augmenter la peine. Le risque est plus grand, mais la probabilité reste la même. Car comptez-vous vraiment couper la ligne Internet de millions de personnes ? Car en coupant Internet, vous coupez aussi une partie de leur consommation. Vous faites faiblir les revenus des entreprises qui utilisent le Net pour leur publicité. Résultat, vous ne faites que ruiner des particuliers, des entreprises et associations qui n’ont rien à voir avec ce débat.

La loi Hadopi, si elle est appliquée, n’aura donc aucun effet dissuasif, (ou alors un effet dissuasif pervers que je démontrerai par la suite) et les sanctions que vous pourrez entreprendre ne causeront que la perte de sommes colossales dans plusieurs organismes et la dégradation de certaines PME.

 

            En outre, je pense aussi que cette loi va nuire économiquement à tout un marché. Je suis par ailleurs étonné que personne n’ait déjà soulevé ce problème épineux. Car en faisant passer Hadopi, vous vous attaquez à tout un marché : celui des lecteurs de musiques et/ou de vidéo : dans un monde de télécommunications en mutation constante, les supports pour lire les musiques comme les vidéos se multiplient : téléphones portables, baladeurs MP3.

Pensez vous, monsieur Sarkozy que les jeunes les remplissent de musiques achetées ? Pensez-vous monsieur Sarkozy que les jeunes achètent des CD délibérément pour mettre les musiques sur leurs baladeurs ? Si c’est le cas, vous vous fourvoyez : quasiment tous les jeunes téléchargent le contenu de leurs supports. Et si Hadopi les dissuade de télécharger, vous pourrez dire adieu à un marché actuellement florissant : les ventes de lecteur MP3 risquent de chuter, et celles de téléphones portables MP3 risquent de même d’être assez ébranlées.

Donc même dans le cas où Hadopi aurait un effet dissuasif, il signerait l’arrêt de mort de tout un commerce.

 

Dune troisième manière, la loi Hadopi pourrait avoir un effet néfaste sur la société, et ce problème porterait à la fois sur la culture et l’économie.

Pour commencer, je pense que vous devez être au courant, beaucoup de «petits artistes » se font connaître sur la toile. J’en veux pour preuve de chanteuses comme Yelle ou Lili Allen. Des particuliers se chargent alors de poster sur les logiciels de téléchargement, et ces artistes se font alors connaître. En voulant protéger les petits artistes, vous les rendez moins populaires : il leur sera pour eux plus difficile de se faire connaître sur les plate formes de téléchargement légal, où les plus grands sont le plus souvent mis en avant, et où les débutants sont très peu téléchargés.

En voulant protéger les artistes, vous ne faites qu’aider les plus grands en sacrifiant l’avenir culturel de plusieurs pays. Il y aura moins de jeunes talents, et donc moins de diversité musicale et cinématographique.

Quant à protéger les grands, ce ne sera en fait presque pas le cas : l’immense majorité de leurs revenus trop souvent scandaleusement colossaux est due aux concerts. Vous devez en savoir quelque chose, avec le concert de Johnny Hallyday le 14 juillet...  

Sur ce point encore, Hadopi sera d’une certaine manière inutile pour protéger les artistes.

 

 En plus des détails techniques qui représentent davantage d’embûches sur le chemin silloneux de la loi (exemple : impossibilité de couper seulement Internet, désaccord probable des opérateurs, grande marge d’erreur dans la détection des «pirates »...), la loi Hadopi se révèlerait comme un échec financier, judiciaire et culturel.

Je vous le demande alors, monsieur Sarkozy : il est trop tard pour arrêter ce phénomène, les têtes multiples du téléchargement seront trop nombreuses pour que l’Etat puisse enrayer le phénomène. Il est temps de penser à une alternative. Et puisque nous en sommes arrivés ici, il est temps de faire une rectification sur ce dernier thème : vous et vos collègues de l’UMP ne cessez de dire que le PS n’apporte aucune alternative. Mais par ce simple courrier je retourne la lame de l’épée contre vous-même : Le parti socialiste a proposé un autre projet, tandis que l’UMP, sur le thème du téléchargement, propose sans cesse le même texte. Si l’on pouvait imager cela, nous verrions une île entourée de rochers, représentant la réussite, avec le navire de la majorité se heurtant à tous les écueils offerts par l’océan législatif français. Après vous être heurtés  plusieurs fois de suite aux mêmes récifs, vous avez voulu contourner l’île, et vous vous êtes heurtés de nouveaux à un roc.

Monsieur le président : il est temps de changer. Il est temps de mettre pied à terre, et d’entamer les négociations avec le téléchargement. Je vous propose l’alternative, la chaloupe qui vous permettra d’y arriver à cette île.

Libre à vous de l’accepter...

 

 

            Tout d’abord, à ceux qui déplorent l’industrie du disque mourante, je leur réponds : qui est-ce que ça touche ? Les grands organismes de distribution qui font des bénéfices énormes, à l’image de la FNAC ? Les artistes, qui, je vous l’ai dit, constituent l’essentiel  de leurs revenus par leurs concerts ? Les seuls à déplorer sont les petits vendeurs de disques. Mais monsieur Sarkozy, nous avons déploré la même chose pour les secrétaires à l’arrivée de l’informatique. Finalement, le métier est resté, à tel point qu’il y en aura sûrement un pour «filtrer » ce courrier. Ce n’est que la fin d’un cycle et le début d’un nouveau. Internet crée chaque jour des dizaines d’emplois et représente un véritable filon à exploiter ! Les emplois qui se perdront réapparaîtront dans ces domaines.

 

Du coup, voilà ce que je propose : vous pourriez négocier des taxes élevées avec les plates- formes de téléchargements. Ensuite, vous reversez ces taxes aux majors, aux impresarios et autres emplois qui font vivre l’art. En échange, les plates-formes pourront s’assurer un revenu grâce à des espaces publicitaires nombreux sur leurs sites. Vous pourriez proposer de faire de la publicité pour ces organismes, ce qui augmentera leur trafic donc leurs revenus.

En outre, si les taxes ne suffisent pas, vous pourriez aussi négocier avec les opérateurs pour augmenter leurs tarifs d’abonnement Internet, afin d’en reverser une partie à ces mêmes personnes. Si cela n’est pas encore levé, vous pourriez lever un impôt « téléchargement ». Vous pourrez aussi taxer les produits informatiques pour compléter le tout. Bien entendu, le CD pourra continuer à survivre, mais il sera plutôt en second plan, et devra obligatoirement baisser de prix, pour survivre : car des CD à 20 euros, comparés au téléchargement, ça fait un prix très cher. Je pense que la musique payante ne pourra pas obligatoirement disparaître : certes, elle se délitera, mais ensuite, libre à vous et aux producteurs de lancer d’autres formats : clés USB contenant des musiques ou des films payantes etc.

 

Monsieur Sarkozy, tout d’abord, je vous remercie d’avoir lu ma lettre. J’espère donc vous avoir apporté quelque chose en vous apportant mon point de vue. Je sais que mon âge peut sûrement décrédibiliser mon propos, mais je vous prie de ne pas en tenir compte lors de la lecture de cette lettre.

Que pensez vous de cette alternative ? Si elle vous paraît intéressante, je suis tout à fait prêt à vous répondre plus longuement afin de développer mon projet.

Sur ce, bonne continuation monsieur le président.

 

 

 

 

 

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